09/12/2014
Pays en développement

Les coûts de l'adaptation au changement climatique ont été sous-estimés

Même
en réduisant les émissions de gaz à effet de serre jusqu'au niveau
requis pour limiter la hausse des températures mondiales à 2 °C au cours
de ce siècle, le processus d'adaptation au changement climatique dans
les pays en développement coûtera probablement deux à trois fois le
montant prévu, estimé entre 70 et 100 milliards de dollars par an d'ici
2050, selon un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour
l'environnement – PNUE.

Présenté à l'occasion d'une série de
négociations décisives sur le climat à Lima, au Pérou, le premier
rapport du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives en
matière d'adaptation constitue une évaluation préliminaire de ces écarts
au niveau mondial dans les domaines du financement, des technologies et
des connaissances, et propose un cadre de travail en vue de mieux les
cerner et les combler.

Ce rapport révèle que, bien que les fonds
publics consacrés à l'adaptation aient atteint entre 23 et 26 milliards
de dollars en 2012-2013, il faut s'attendre à un important déficit de
financement après 2020, à moins de mobiliser de nouveaux
investissements. Faute de mesures supplémentaires pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre, le coût de l'adaptation grimpera
encore davantage, comme l'indique le "Rapport 2014 du PNUE sur l'écart
entre les besoins et les perspectives en matière de réduction
d'émissions". En effet, il faudra mettre en place des interventions de
plus grande ampleur et plus coûteuses pour protéger les communautés des
impacts croissants du changement climatique, notamment de la sécheresse,
des inondations et de l'élévation du niveau de la mer.

"Alors
que les dirigeants mondiaux sont réunis à Lima pour une nouvelle étape
décisive en vue de la signature d'un accord mondial sur le changement
climatique, ce rapport souligne l'importance d'y prévoir des plans
détaillés concernant l'adaptation"
, explique Achim Steiner, directeur exécutif du PNUE et sous-secrétaire général des Nations unies. "Certaines autorités nationales et locales inscrivent d'ores et déjà
les impacts du changement climatique dans leur budget. Les hausses de
coûts que cela implique pour les communautés, les villes, les
entreprises, les contribuables et les budgets nationaux méritent plus
d'attention, car elles ont de véritables conséquences économiques"
, ajoute-t-il. "Les
autorités nationales et la communauté internationale doivent prendre
les dispositions nécessaires pour qu'à l'avenir, les plans et les
budgets tiennent compte des lacunes en matière de financement, de
technologies et de connaissances"
, affirme-t-il. "Les
conséquences sont particulièrement préoccupantes pour les pays les moins
avancés, dont les ressources financières affectées au développement
devront être redéployées pour financer des mesures d'adaptation." "Le
rapport rappelle avec force que l'inaction peut coûter très cher. Les
débats sur les aspects économiques de la lutte contre le changement
climatique doivent gagner en objectivité"
, poursuit-il. "Nous devons le
faire pour nous, mais aussi pour la prochaine génération, car c'est elle
qui devra régler l'addition."

Le cinquième rapport d'évaluation
du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
estimait que l'adaptation au changement climatique dans les pays en
développement coûterait entre 70 et 100 milliards de dollars par an
d'ici 2050, en se fondant principalement sur des chiffres de la Banque
mondiale datant de 2010.  Le rapport sur l'écart entre les besoins et
les perspectives en matière d'adaptation, rédigé en collaboration avec
19 institutions et centres de recherche majeurs, précise ces estimations
à l'aide d'analyses et de modélisations intégrant de nouvelles études
nationales et sectorielles. Il révèle que les chiffres annoncés par le
GIEC ont sans doute été nettement sous-estimés. Ainsi, une étude récente
indique que selon certaines estimations, l'adaptation coûterait en
moyenne jusqu'à 40 milliards de dollars par an rien qu'en Asie du Sud.

Non
seulement le rapport du PNUE révèle que les coûts d'adaptation, même en
réduisant les émissions, seront sans doute deux à trois fois plus
élevés que prévu, mais il signale également que les dépenses pourraient
s'avérer encore plus importantes. Si l'on élargit l'analyse à tous les
pays en développement, l'adaptation pourrait coûter jusqu'à 150
milliards de dollars d'ici 2025/2030, et entre 250 et 500 milliards de
dollars par an d'ici 2050, en admettant que d'autres grandes mesures
soient prises en vue de réduire les émissions jusqu'au niveau requis
pour parvenir à limiter l'augmentation des températures mondiales au
cours de ce siècle à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Le
rapport 2014 du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives
en matière de réduction d'émissions, publié début novembre, indiquait
que pour maintenir la hausse des températures en dessous des 2 °C et
parer aux conséquences les plus graves du changement climatique,
l'objectif de neutralité carbone à l'échelle de la planète devait être
atteint d'ici la seconde moitié du siècle.  En revanche, en cas de statu
quo, les émissions de gaz à effet de serre pourraient atteindre 87 GT
éq-CO2 en 2050, un chiffre bien au-delà du seuil de sécurité, et
accroître les dépenses nécessaires pour s'adapter aux conséquences d'un
réchauffement climatique rapide. Dans ce cas de figure, les coûts
d'adaptation pourraient atteindre le double des prévisions les plus
pessimistes.

PNUE – 05-12-2014